La fin

Publié le par Marc

La fin

Même le plus grand des sages ne sait pas ce qu’il va advenir à sa propre mort. À l’image de ce maître zen à qui on demanda ce qu’il advient lorsque l’on meurt, il répondit : « Je ne sais pas ».
« Mais n’êtes-vous pas un maître zen ? » avait poursuivi celui qui l’interrogeait.
– Si, répondit-il, mais pas un maître zen mort. »

Ainsi, même si quelques personnes sont, semble-t-il, allées voir ce qu'il en était de l’autre côté, et en on témoigné, aucun d’entre nous ne sait réellement ce qui nous attend passé notre dernier souffle. Nous n’avons aucune certitude en la matière. Néanmoins, face à cette grande interrogation, on souhaite secrètement que la mort n’aboutisse pas au néant.
Mais peut-être pouvons-nous nous poser la question suivante : pour vivre une belle mort, ne devrions-nous pas commencer par vivre une belle vie ? Jouir de son formidable élan de potentialités, la percevoir dans sa globalité, son impermanence et son interdépendance.
Nous ne sommes qu’une particule du monde qui vit, meurt, retourne au monde, et non pas le centre de l’univers comme notre ego veut bien nous le faire entendre. Cela ne veut pas dire que nous sommes insignifiants au regard de la vie, mais que simplement nous y avons notre place et que nous sommes indissociables du reste.

Peut-être que pour appréhender au mieux la mort, il nous faut d’abord comprendre la vie. Sortir de notre mental étriqué, s’ouvrir au monde et à sa conscience universelle.
Facile à dire et encore de grands mots. Certes, mais aux dernières nouvelles personne n’a réussi à démontrer les conséquences de la mort sur notre esprit et notre conscience. Pas même nos plus grands scientifiques. Ils préfèrent se briser les neurones sur les débuts de la vie en général, le Big Bang, que sur la fin de la vie en particulier. Il n’y a peut-être pas alors à comprendre la mort, mais à ressentir la vie pour vivre une belle mort.
Mourir, c’est se débarrasser de tous nos oripeaux mentaux. C’est embrasser l’univers. C’est, on l’espère tous, l’expérience la plus époustouflante de la vie. Mourir, c’est peut-être retrouver son appartenance à la grande conscience universelle ; ouvrir notre conscience et plonger dans le grand océan.

Que veut-on entendre de la mort, en ce moment précis ? De ce qu’il va advenir une fois que l’on aura expiré. Voulons-nous écouter une douce chanson qui bercera notre ego ? Se convaincre qu’au bout il y aura un long tunnel avec des êtres de lumière qui viendront nous accueillir ? Rester sous l’emprise d’un obscurantisme régnant depuis des siècles, nous parlant de paradis, d’enfer et de démons ? Se résigner au néant, ou bien élargir notre conscience pour embrasser la vie et la mort ?

La fin

Aux dernières nouvelles, la mort ne fait pas souffrir, seules nos misérables vies s’en chargent. La peur de mourir n’est pas tant celle de ne plus exister, mais celle de se séparer de ce à quoi on est attaché. Alors, que craindre de la mort ? Qu’elle détruise notre tour pensante, notre trame psychique, nos biens et nos acquis ? Si tel est le cas, il est souhaitable de nous délester de nos oripeaux avant le grand passage.

Selon les préceptes bouddhistes, l’attachement et l’identification aux choses sont parmi les pires fardeaux que puisse trainer l’homme. S’identifier à sa fortune et à l’image qu’elle renvoi de nous dans notre société, s’attacher à tout ce que l’on a bâti dans une vie, à nos pensées et à nos convictions, c’est en somme faire le constat que l’on court toujours après une image, une représentation que nous avons créées de toute pièce. Une fausse identité, plus attachée à ce qu’elle montre qu’à ce qu’elle est.

À quoi pouvons-nous nous identifier, là, maintenant, à la perspective que tout nous sera enlevé ? Sur quoi peux-t-on compter à l’approche de la dernière échéance ? À un sentiment d’appartenance peut-être. Non plus celui d’appartenir à une communauté, à une société ou à une caste, mais de vivre le ressenti intime d’appartenir au monde. Cela implique de se désidentifier de toutes nos appartenances matérielles, de bon nombre de nos croyances et de nos conditionnements. Plus notre vie sera dépouillée de nos attachements, plus nous serons légers le moment venu.
Mais de quoi devons-nous nous débarrasser sans pour autant renoncer à vivre ici bas ? De tout ce que nous n’emporterons pas " là-bas " ? Personne ne demande à renoncer à tout ce qui a été bâti durant une vie. Gardons juste la bonne distance, le juste recul et laissons-nous porter par la vie tant qu’elle nous tient encore.

Le baiser de la mort est aussi doux que celui de la vie. Tel à mon humble avis le sens de la vie.

Crédit photo : Pixabay

Publié dans Conscience

Commenter cet article