Par delà la fenêtre

Publié le par Marc

Par delà la fenêtre

« Si vous n'avez aucune relation avec la nature alors vous n'aurez pas de relation avec l'homme. Les champs, les forêts, les rivières, les arbres, toutes les merveilles et beautés de la terre, c'est la Nature. Si cela ne vous dit rien alors nous ne pourrons jamais avoir de relation les uns avec les autres. » (J. Krishnamurti)

Chez moi, lorsqu’un moment m’est alloué entre deux occupations, je fais une petite pose et m’en vais devant ma fenêtre. J’apprécie d’abord l’immense privilège que j’ai de vivre à la campagne, puis j’observe la nature.
Le petit bosquet juste en face m’offre un spectacle sans cesse renouvelé. Mon ami l’écureuil vient parfois me montrer les prouesses dont il est capable en matière d’acrobatie.
Au printemps, j’aperçois les petits merles au plumage incomplet faire leurs premiers apprentissages aériens.
Dans les branchages, les moineaux et autres pinsons m’émerveillent par leurs gazouillements.
Les arbres offrent leurs nuances au rythme des saisons. Leur feuillage frémit sous le vent et le soleil se fait un plaisir d’offrir à mes yeux des reflets envoutants.
Au fil des saisons, la nature se dépouille, s’endort puis se réveille, et en un formidable déploiement d’énergie, se pare d’un habit somptueux.
Tout y est opulence, harmonie, impermanence. Même si je vois un rapace fondre sur un souriceau, ou un petit oiseau se faire attraper par le chat du voisin, je me dis que le drame est ailleurs.
J’observe l’effort que chacun doit faire pour survivre dans notre société, alors qu’en face, à travers ma fenêtre, tout est donné et chacun y trouve son compte. Les noisettes ne manquent pas pour l’écureuil – les insectes et autres graines prolifèrent pour les oiseaux, même si ça ne leur tombe pas directement dans le bec.

Une sauterelle venue des herbes avoisinantes vient se poser sur mon bras.
Tout d’abord amusé par une telle visite, je me mets à l’observer de près, puis, par je ne sais quelle douce divagation de l’esprit, je sens que l’insecte m’observe également.
Nous nous fixons du regard puis, d’un frétillement d’ailes, elle attire encore un peu plus mon attention. Cette petite créature que j’aurais pu écraser négligemment m’apparait alors d’une importance inestimable. Cette minuscule parcelle de vie semble vouloir me dire :
« Bienvenue dans la vie et l'harmonie, je t'offre ce dont tu as le plus besoin. De cette minuscule goutte d'eau à ces plus grands sommets, prends ta part de connaissance au profit de ton âme et non uniquement de ton savoir. Sache qu'ici, tout n’est que grande musique. Une danse perpétuelle où chacun se retrouve et communique dans une parfaite interdépendance. La complicité totale, en somme. Un formidable terrain de vie ou hélas, il ne manque que toi. »

Mais moi, l'habitant supérieur, dont l'instinct s'est égaré au profit de l'errance mentale. Le dernier jour où j’étais de la fête, parmi tous et avec tous, ce jour-là, j’étais l'animal. Aujourd'hui, j’ai troqué ma nudité contre un costume de scène. Représentation pitoyable durant laquelle j’use de ma remarquable intelligence pour m'agiter et m’étourdir dans un torrent de vanités.
Puis-je à présent savoir qu'il n'est pas trop tard pour rentrer de concert avec la vie. Mais si par malheur je devais considérer que revenir vers la nature avec plus d’humilité me semblerait être une régression, j'en déduirais alors que je suis irrémédiablement perdu.

La nature a tant à nous apprendre. Ne nous en coupons surtout pas !

Crédit photo : Pixabay

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M
Quel plaisir de vous lire une dimanche de septembre au lever. Il me semble que ma journée va en être transformée. Merci. Marie.
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M
Merci Marie pour ce gentil mot. C'est par des messages comme le votre que j'ai de la joie à écrire mes articles. Bon lundi ! Marc