Développement personnel ou dépouillement personnel ?

Publié le par Marc

Développement personnel ou dépouillement personnel ?

« Pour avoir de la connaissance, ajouter des choses chaque jour.
Pour avoir de la sagesse, enlever des choses cha
que jour. » Tao Te King

Croître consiste généralement à développer ou acquérir des qualités que l’on n’a pas forcément au départ. Le but est donc de se doter de tous les outils et toutes les connaissances nécessaires pour se développer, cela tant extérieurement qu’intérieurement.
Et si nous abordions le sujet sous un autre angle, voire même dans le sens inverse ? Partir du constat que tout est déjà acquis, mais que la difficulté majeure et de pouvoir y accéder. On ne parlerait plus alors de développement, mais de dépouillement. De dépouillement personnel plutôt que de développement personnel.

Il nous est offert une multitude de techniques pour accéder à l’éveil spirituel : la prière, la méditation, le yoga, les mantras et toute sorte de rituels. Tout cela est certainement bon, mais cela peut être aussi réduit à un vernis spirituel si à l’intérieur de nous, nous sommes surchargés de peines, de peurs et d’angoisses. Certaines pratiques peuvent nous purifier partiellement, mais très rarement nous donner accès à l’éveil et à une liberté totale. Nous pouvons nous considérer comme des êtres spirituels, aimer la terre entière et ne pas pouvoir supporter son voisin, ou sortir de nos gonds lorsqu’un chauffard nous grille la priorité.

Dans la plupart des cas, avant de se perdre dans toute sorte d’enseignements et de rituels, il est souhaitable d’accueillir ce qui est en nous : le bon, le moins bon et le très mauvais. Cette phase de dépouillement commence par la reconnaissance entière de ce que nous sommes. À savoir, des êtres névrosés, conditionnés par notre entourage et notre passé. Des âmes blessées par une éducation défaillante qui ont construit des années durant un véritable mur de protection.

Développement personnel ou dépouillement personnel ?

Des peurs, des refoulements, des pans entiers de ressentis occultés nous habitent et conditionnent chaque instant de notre vie. Chaque événement heureux ou malheureux est vécu en fonction du schéma intérieur que nous avons longuement tissé en nous. Nous ne vivons plus en conscience, mais sans arrêt dans la réaction. Ne serait-ce pas par là que nous devrions commencer, avant d’essayer de lorgner vers le divin par des expériences mystiques diverses ?
La démarche est simple, mais diablement dérangeante. S’arrêter de temps en temps et accueillir ce qui vit en nous, à savoir les joies, mais surtout les déceptions, les angoisses, les peurs, n’est pas si simple. Recevoir l’émotion telle qu’elle se présente en l’instant, c’est la sentir dans son corps à travers ses différentes manifestations et la reconnaître pour ce qu’elle est. C’est vivre en conscience cette boule au ventre, cette tension à la nuque, cette gorge serrée, lui donner de l’espace pour qu’elle s’exprime sans l’occulter ou la combattre, ce que nous faisons habituellement.
C’est ensuite séparer cette sensation du flot de pensées, de cette capacité qu’a notre mental à surcharger les choses. Inutile de rajouter de la souffrance à la douleur. Il s’agit simplement de recevoir la sensation, le ressenti de cette peine.

C’est cela le dépouillement. Se dépouiller de notre mental, de notre ego, pour accueillir notre souffrance et pour le coup, la dissoudre. À la limite, peu importe de connaître l’origine de nos maux. Tenter de comprendre que cela vient de notre relation avec notre père, notre mère ou de tels autres événements traumatisants ne fait intervenir que notre mental et notre ego ; ils ne sont pas d’une grande utilité dans ce domaine. En revanche, il est plus sage de reconnaître que notre corps émotionnel souffrant, l’ego n’avait d’autres options que de bâtir des stratégies et d’ériger des forteresses. Nous n’avions d’autres choix que de nous protéger durant notre enfance. Le simple fait de réaliser cela permet de retrouver l’enfant qui est en nous et d’accueillir sous un nouvel œil et avec compassion nos émotions.

Cette démarche nécessite une attention de tous les instants et une volonté farouche d’accepter de se voir tel que l’on est et dans les recoins les plus intimes de notre personnalité. Voilà pourquoi le développement personnel commence d’abord par le dépouillement personnel. Dissoudre nos peurs et nos conditionnements pour laisser s’épanouir ce qui est déjà en nous, notre véritable nature.

Qu’est-ce que d’être en paix, si ce n’est de laisser éclore le lotus qui est en nous. De laisser vivre ce qui est et qui a toujours été.

Crédit photo : Pixabay

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