De l’inné et de l’acquis, et comment savoir faire un peu de ménage

Publié le par Marc

De l’inné et de l’acquis, et comment savoir faire un peu de ménage

Qu’en est-il de l’inné dans le monde du vivant ?
Observons un animal. Nous remarquons que très tôt il se voit muni de tout un savoir-faire et cela dès sa naissance, car dans la nature il y a urgence à être opérationnel.
Un jeune poulain trotte quelques heures à peine après sa naissance. Dans de rares cas et par exemple dans les conditions de survie extrêmes du Grand Nord, une femelle manchot s’occupera de son petit durant quatre mois avant de le lâcher dans la nature. L’on peut dire alors que l’animal est paré dès sa naissance, ou presque, pour affronter l’existence.
À présent, qu’en est-il de l’homme ? Observons un bébé à sa naissance. Quels sont ses besoins premiers ? Se nourrir et bénéficier d’un environnement sécurisé. Quels sont ses acquis si ce n’est sa constitution physique pour satisfaire ses besoins ? À vrai dire ils ne sont pas bien nombreux. Sur le plan psychologique, un nouveau-né représente un terrain presque vierge. Seules quelques influences subies durant sa vie intra-utérine avec sa maman et son entourage, voire peut-être un conditionnement génétique ont laissé quelques empreintes.
À part ces quelques influences et pré conditionnements, la psyché, l’intellect, la conscience de ce bébé forment un terrain vierge que le quotidien va remplir au fur et à mesure de sa confrontation avec l’extérieur. On se rend alors compte que l’inné tient peu de place dans nos vies. Celles-ci dépendront de notre éducation, des gens que nous croiserons et qui nous influenceront.
Dès notre naissance nous apprenons de nos parents, de nos ainés et de toute personne qui aura une influence sur nous. Ces informations forgeront notre tempérament, notre sensibilité et conditionneront tout notre être. Durant notre enfance, nous prendrons pour acquis tout ce que l’on entendra et ressentira et nous créerons des scénarios qui permettront de vivre dans un certain équilibre psychique.
Plus tard, nous jugerons ces informations à l’aune de notre bon sens et de notre raisonnement intellectuel, en constaterons leur crédibilité, et si tout se passe bien, en ferons le tri. Le problème c’est que déjà, de nombreux schémas se sont inscrits en nous et cela de façon très profonde, et c’est là que se trouve la source de tous nos problèmes.
Nous ne pouvons échapper à notre éducation, à la porosité de notre esprit d’enfant, à l’ignorance de certains de nos tuteurs. En revanche, arrivés à l’âge adulte et en faisant preuve d’une certaine lucidité, nous pouvons procéder à un retour sur image et nous rendre compte des multiples conditionnements dont nous faisons l’objet.
Vient alors l’heure de désapprendre. Après l’apprentissage l’heure est au désapprentissage. À la lumière de nouvelles informations plus en phases avec notre évolution, il devient alors nécessaire de désapprendre certaines connaissances ou croyances que l’on tenait pour acquises.
Comme le disait un Vice-secrétaire général des Nations-Unies :
« Réussir, c’est savoir apprendre, désapprendre et réapprendre en fonction des besoins ».
Le principal souci de l’homme tient en son incapacité à se restructurer une fois qu’il a été « construit » par ses tuteurs. Comme le monde n’est pas parfait et nos parents encore moins, il nous faut savoir reconnaître, et cela sans trop d’animosité, que nous avons construit des schémas limitants sur une éducation ou un enseignement tronqué.
Nous devons alors désapprendre, abandonner certaines de nos croyances, certaines de nos convictions et adopter un regard toujours neuf sur la réalité, telle qu’elle est en ce moment même et non pas à l’image de nos schémas et de nos conditionnements.
Apprendre à désapprendre est le plus difficile des apprentissages. Il consiste à prendre le recul nécessaire qui permet de s’affranchir du premier voile que l’on a tendu entre nous et nous même, entre nous et autrui. Ce voile déformant qui ne nous empêche de voir la réalité telle qu’elle est, dépouillée de nos fausses croyances et de nos aprioris.
Ainsi, plus on apprend sans désapprendre de temps à autre, plus l’on se fige dans des certitudes et plus l’on cloisonne notre conscience. On se croit alors maître de ses actes et de son destin, alors que l’on est simplement un logiciel qui répond à de nombreuses programmations inconscientes.
La vie doit se vivre sans aprioris, sans les conditions que nous dicte notre mental. Certes, apprendre enrichit l’esprit, mais à la seule condition que celui-ci puisse de temps à autre se régénérer, découvrir la tricherie de certains de ses modes de pensée et s’ouvrir à d’autres informations et d’autres paradigmes. Quand on a trop d’acquis, il faut parfois revenir à l’inné, car la conscience d’être n’a que faire du savoir pour s’exprimer et nous envoyer droit vers la félicité.
L’animal à un patrimoine inné à sa naissance, mais apparemment peu évolutif. L’être humain quant à lui, ne part de presque rien avec sa simple constitution physique, mais bénéficie d’un énorme potentiel de développement, même si au départ il a tout sur le plan spirituel. Qu’il prenne bien soin de ce potentiel et qu’après s’être gorgé du bon, du moins bon et du très mauvais que lui auront inculqué ses ainés, qu’il puisse à certains moments remettre un peu d’ordre dans sa banque de connaissance et de croyances.

Crédit photo : Pixabay

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