Qui suis-je ?

« L’illusion est la première apparence de la vérité. » Abindranàth Tagore

Qui suis-je ?
Qui entreprend, décide, contrôle, sent de la joie, gémie, souffre ?
Qui marche, pleure ?
Qui pense et perçoit ?
À bien y réfléchir, et avec mon seul mental, je ne trouve personne. Avant chaque pensée, je rencontre le néant, mais à bien observer j’y découvre la vie, toute simple et mystérieuse. Je ne décide de rien, elle décide de tout, même si derrière mon ego surdimensionné je crois tenir les rênes. Je pense tenir le gouvernail, mais en réalité mon bateau ne fait que suivre les flots et ce courant qui inexorablement m’emporte.
Toc toc ! Il y a quelqu’un derrière tout cela. Qui ? Pierre, Paul, Jacques, Marie ?
Je cherche, je fouille derrière chacune de mes pensées, de mes émotions, je ne trouve personne.
Il n’y a personne !
Pas en tout cas « moi ».
Je viens de mourir.
Je n’existe plus. Je me suis dissous au profit d’autre chose.
De la vie et de son mystère.

Avant la moindre de mes pensées, je n’existe pas, après, je n’existe pas non plus. Je ne peux pas exister en tant que Pierre, Paul ou Jacques puisque je ne suis à l’origine de rien du tout. Je ne décide pas de mes pensées, elles viennent à moi de leur propre gré. Je ne décide pas de mes émotions, elles se présentent à moi sans crier garde. Je ne suis même pas maître de mes choix, puisque mes pensées, avant d’exister, sont conditionnées par autre chose. Par le mystère de la vie.
Alors, si je fouille un peu plus, je ne puis y trouver que Dieu, le principe de vie, la vie tout simplement.
Je découvre le néant, ou plutôt la mort. La mort à soi, à mon être identifié. La mort de ma personnalité.
Quelle agréable mort !
Quel bonheur de ne plus se sentir exister par soi, mais par elle, la vie ! Je deviens alors son spectateur, le témoin tranquille de mes pensées, de mes émotions, de mes joies et de mes peines. Je deviens l’écran qui reçoit le film complet de sa vie. L’océan qui accueille la mer d’huile, les vagues et les tempêtes. Je ne suis plus la vague qui se prend pour une seule vague, mais pour l’océan tout entier.

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