Éloge de la marche

Publié le par Marc

Éloge de la marche

« Le vrai miracle n’est pas de marcher sur les eaux ni de voler dans les airs : il est de marcher sur la terre. » (Houeï Neng)

Quand je suis préoccupé, je marche autour de mon canapé. Quand je dois trouver une solution à un problème, je fais les cent pas dans mon salon. Quand je fais de la méditation, je marche dans les bois et parfois même dans mon salon.

La marche est un allié de taille dans ma vie. Elle m’aide à réfléchir, me recentrer ou faire le vide dans mon esprit. Au-delà de sa vocation première qui est de permettre de se déplacer, la marche permet de libérer le mental et l’esprit, de relâcher tout notre être et d’accéder à certains états de conscience. Bien sûr, certains adeptes de la méditation profonde pourront arguer que toute forme de recueillement en marchant ne peut être que superficielle. Lorsque l’on enseigne la méditation, on préconise l’immobilité totale et le silence absolu dans l’entourage. Déjà que notre mental à tendance à trotter dans notre tête, le moindre élément de distraction pourrait le faire partir au grand galop ! On se dit alors qu’il nous faut évoluer dans un environnement aseptisé, tant sur le plan sonore visuel, que gestuel.

Pourtant, lorsque je marche dans la nature, je côtoie des moments d’extase qui ne me sont pas toujours donnés avec la méditation assise. Les plus belles expériences que j’ai vécues se sont passées dans des environnements naturels avec pourtant un tas de choses autour de moi pour me distraire.

L’autre jour, alors que je me promenais dans un bois, j’ai senti cet état de félicité s’emparer de moi. Je n’avais aucune attente particulière. Cette marche n’avait d’autre but que de me détendre, voire de méditer superficiellement sur certaines choses. Le temps était radieux, les arbres magnifiques. La vie de la forêt faisait son œuvre et les oiseaux gazouillaient à tu tête. Tout était là pour que ma promenade soit un hymne à la contemplation.

Au bout d’une demi-heure, au rythme de mes pas, de mon regard fixé sur le sentier, tout ce petit monde s’est gentiment effacé. La magnificence des arbres, les pépiements des oiseaux, le bruit de fond des voitures roulant au loin, tout disparut, ou du moins, ne fut plus interprété. Mon mental n’était plus là pour décrire cette réalité qui m’entourait, si belle soit-elle. Le corps et son esprit s’étaient fondus dans son entourage et il n’y avait personne pour le constater. Cela dura peu de temps et lorsque je « revins à moi », je pus exprimer le sentiment que j’avais vécu, à savoir, une sensation de dissolution de mon être entier avec son environnement. Pas forcément avec la nature, les beaux arbres et les gentils petits oiseaux. Cela aurait pu m’arriver en ville, au restaurant ou je ne sais où, mais avec la simple réalité qui m’entourait et à laquelle désormais j’appartenais. En somme, j’avais vécu comme un effondrement de ma personnalité, de ce moi qui fait mon identité et qui me sépare de la réalité par ses multiples interprétations.

Ces états peuvent se vivre debout, assis, allongés ou même à quatre pattes, pour peu que l’on parvienne à dégager complètement de son esprit le fouillis qui s’y loge. Si l’on reste présent à soi, à son corps, à ses gestes si l’on bouge, et surtout si l’on n’attend rien, la grâce viendra peut-être nous habiter. Mais elle le fera quand elle le voudra, et quand on l’y aura autorisée.

Nous comprendrons alors que tout est là, pour tout le monde, et qu’il n’y a qu’à se dépouiller, peut-être même se déshabiller complètement, pour recevoir cette grâce.

Crédit photo : Pixabay

Publié dans Conscience

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