Justice et injustice

Publié le par Marc

Justice et injustice

Justice et injustice, voilà deux notions bien difficiles à appréhender. Existe-t-il une justice en ce monde à part celle des hommes ?
A priori, il semblerait que non et force est de constater que la justice est une invention de l’homme. Est-ce que la nature est juste ? Est-il juste qu’un petit faon se fasse dévorer par un loup, qu’un ouragan détruise tout sur son passage ou qu’une carpe avale une ablette ? Sûrement pas, en tout cas pas de la manière dont nous l’entendons avec notre sensibilité et notre propre conception de la justice. Mais nous l’acceptons, car cela n’est pas du ressort de l’homme. Pourtant, le monde tourne à la perfection et il n’a pas besoin de notre justice d’homme pour que le soleil se lève chaque matin et que les saisons se suivent.

Existe-t-il une justice divine ? « Ceci est bien, ceci est mal. Je ne dois pas faire ceci ou penser cela sinon, je passerai devant le Grand Tribunal ». Il est des croyances très ancrées dans l’émotionnel des hommes quant à la dette qu’ils laisseront, passé leur dernier souffle. Chacun sent bien que sa vie doit tendre vers le bien. Faire le bien est une force à entretenir, tandis que le mal se désigne comme les conséquences d’un manque de « poigne » morale, de repères éducatifs et d’un laisser-aller évident. De tout temps, la peur du jugement et de la punition, qu’ils soient d’ordre temporel ou divin, ont permis de poser des limites en permettant à l’homme de rester plus ou moins sur le droit chemin.

L’homme ne répond encore que trop à ses pulsions primitives et à son caractère dominant, vertus essentielles à toute espèce qui espère survivre en ce monde. Cependant, il a compris que son instinct primitif pouvait desservir l’autre, et tiraillé par une conscience émergente, il est devenu l’homme pécheur, puis l’homme moralisateur se voulant juste et refusant toute forme d’injustice. La vie, elle, n’a que faire de notre moralité et de nos sentiments de justiciers. Son dessein évolutif se moque bien de nos tracas quotidiens et de ses « injustices », il suit inexorablement son chemin, comme une sorte de grand jeu où l’on doit « jouer » sa vie pour la réalisation de son âme. Où chacun doit toujours plus ouvrir son champ de conscience, car il s’agit bien de cela : de prise et d’état de conscience. Une conscience fermée se recroquevillera sur ses peurs dans un monde divisé et régit par la peur. Une conscience ouverte ignorera les notions de bien et de mal, de justice ou d’injustice car elle sera unifiée et dépourvue de dualité.

Dépassons la notion de bien ou de mal et posons-nous la question suivante : nous semblerait-il normal de trucider le premier quidam venu puisque cela ne nous semble ni juste ni injuste ? Si c’est pour le dévorer, cela serait juste. Nous aurions au moins « l’excuse » d’être revenus à notre condition d’animal et de prédateur. Si c’est par haine ou par vengeance, prions alors pour notre salut car nous sommes encore en proie avec notre enfer intérieur. Cet enfer peuplé de croyances, de conditionnements et surtout de peurs, celles que nourrit notre esprit fragmenté.

Notre notion d’injustice se situe au niveau du mental, de notre ego et de l’image que l’on se fait de la réalité. Notre ego ne se plait que dans la dualité et nous confortera toujours dans ces notions de justice et d’injustice. Il n’aura de cesse de nous dire que c’est la faute à l’un ou à l’autre et que tout ce qui ne va pas dans le sens que nous voulons est une entrave à notre bonheur. Il nous privera de notre quête essentielle, celle de visiter et de reconnaitre notre propre enfer avant de dénoncer celui des autres.

Seuls une quête intérieure et un travail sur notre conscience nous diront que nous sommes les créateurs de nos vies, les capitaines de nos propres bateaux, mais que ces bateaux naviguent sur un océan de formes changeantes. L’impermanence des choses n’est pas une injustice, seule l’interprétation que nous en faisons n’est pas juste et c’est pour cela que bien des choses nous semblent injustes. Notre drame, c’est que nous croyons être la vague, alors que nous sommes l’océan tout entier.
À un niveau supérieur de conscience, la question ne se pose plus de savoir s’il y a justice ou injustice. Nous devons accepter pleinement cette soi-disant injustice car la vie, quoi qu’on en dise, est parfaite.

Comme disait Gandhi : « Là où la conscience doit se prononcer, la loi n’a que faire »

Crédit photo : Pixabay

Publié dans Conscience

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